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Enceintes François H.

Overseas telegrams

23-08-2017 à 14:25:22
Bossa nova et douceur rythmique, c'est Nina Miranda qui revient en son nom propre. 
La Brésilo-Anglaise avait déjà fait profiter de sa voix douce et aérienne dans divers groupes, mais elle reste fidèle à ce mélange caractéristique de sons brésiliens et d'electro tranquille; pas de la world music quoi.

Difficile pourtant d'hésiter sur l'origine géographique de l'essentiel de l'inspiration des rythmes et percussions des morceaux: on est bien là-bas sur l'autre rive de l'Atlantique, comme le suggère d'ailleurs le titre de l'album, "Freedom Of Movement".
L'electro vient souvent ajouter une touche d'ambiance planante, comme sur "Marshmellows Dreams", rajoutant à la douce mélancolie de cette musique brésilienne (Amazonienne même sur "Amazonia amor").
L'autre source d'inspiration est l'Angleterre où Nina Miranda vit aussi: "Whole of London" avec ses guitares pop, ou par exemple le plus dansant "Lost in Manchester".
Malgré cette unité stylistique l'album n'a rien d'une œuvre monotone; chaque morceau raconte sa propre histoire, à sa façon.

Du coup la chanteuse passe du brésilien à l'anglais, sans jamais abdiquer cette façon caressante d'interpréter les paroles: superbes "Feminist man" ou "Julia" entre autres, qui peuvent rappeller la manière de chanter d'une certaine Astrud Gilberto.
Une seule exception à cette ambiance, "The cage", aux contours plus durs, c'est le cas de le dire.
Pour le reste et comme souvent avec ce genre de musique, il suffira de fermer les yeux, d'imaginer le vert des arbres exotiques légèrement délavé par le soleil tropical, de laisser la liberté de mouvement au corps donc ("The garden", "I am...") et de laisser aussi l'esprit se faire masser par l'ambiance, pour obtenir un billet gratuit et immédiat pour le Brésil.

Un beau voyage sans fausse note quoi qu'il en soit.

Ecoute intégrale à domicile: https://nina-miranda.bandcamp.com/album/freedom-of-movement
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14-09-2018 à 17:09:10
Réédition d'un disque sorti en 2001: "Generoso Que Bueno Toca Usted", par le bien-nommé Generoso Jiménez.

Il s'agit de musique cubaine (Gran Afro Cuban Orchestra comme il le précise)… Et bien quoi, vous doutez que la vie soit belle et que le soleil donne la même couleur aux gens, comme disait l'autre??
Mettez-y donc cette galette et profitez.
Profitez d'abord du trombone de Generoso Jiménez, de l'ambiance familiale (fille, petite-fille, frère, sont sur l'album), de la vivante batterie de cuivres divers, des percussions, de la contrebasse de Cachaito Cachao, du piano martelé.
Ça attaque dans le ton dès "Vengo con sed" ("je viens assoiffé"; de musique et de vie manifestement). Tout ça balance du bassin et des pieds, avec une réelle virtuosité technique par-dessus les nappes d'ambiance festive, comme le prouvent les solos qui s'enchaînent parfois jusqu'à neuf de suite.

On remarquera assez vite une atmosphère rétro, et pour cause: Generoso a officié à la Havane avant le castrisme, certaines de ses compositions évoquant clairement l'influence gringa de los Americanos ("Eso es un trombon", "Linda melodia" par exemple): cela évoque des soirées en costume, avec les grosses Chrysler qui trimballent avec légèreté leur lourde carcasse d'acier. C'est d'ailleurs ce que Generoso (j'aime décidément bien ce prénom!!) précise dans le volumineux livret qui accompagne le disque; une époque disparue, comme lui d'ailleurs en 2007.
Notre Cubain a aussi une autre générosité, celle de laisser tous les types d'instruments s'exprimer des plus belles façons, comme dans "Las trompetas se divierten" (les trompettes s'amusent), "Baila senor contrabajo" (danse monsieur contrebasse), ou "Aprendiendo atocar saxofon" (j'apprends à jouer du saxophone).

Un disque qui donne envie d'y aller voir, ou qui peut vous orienter vers la découverte d'autres artistes cubains, comme le merveilleux Israel Cachao Lopez ou Bebo Valdez.

"Baila senor contrabajo": youtube= EWl_SXoA03I
Extraits: https://www.amazon.de/Generoso-Que-Bueno-Toca-Usted/dp/B001SKGN5C/ref=sr_1_fkmr0_1?s=music&ie=UTF8&qid=1536753628&sr=8-1-fkmr0&keywords=generoso+gimenez
23-08-2019 à 14:18:41
Cuivres appuyés et funk jazzy: Ikebe Shakedown est de retour. A l'oreille de l'afrobeat qui fleure bon le Nigeria et la chaleur de ses villes, en réalité une formation de Brooklyn, mais c'est à l'oreille que l'on fera confiance pour apprécier pleinement "Kings Left Behind".

Uniquement des instrumentaux dans lesquels ce sont donc les cuivres qui s'expriment, gras et puissants, suffisamment expressifs pour ne jamais faire regretter la présence de voix. Les percussions fluides et les guitares discrètes complètent le tableau aux couleurs saturées. On se retrouve plongé dans une Afrique qui sent les 70s' ("Unqualified", "No going back" par exemple), parfois avec des plages de méditation calme ("Horses", "Kings left behind"), mais le plus souvent enlevées (au hasard "Hammer into Anvil").


Le genre de disque qui a une capacité certaine à conserver longtemps la chaleur de l'été et qui donne envie d'ouvrir la fenêtre en plein soleil de midi pour laisser la chaleur monter chez vous.

"Kings left behind": youtube= hCM_l3bAXms
Extraits: https://www.amazon.fr/Kings-Left-Behind-Ikebe-Shakedown/dp/B07T4N5BK5/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=Kings+Left+Behind+Ikebe+Shakedown&qid=1565855753&s=music&sr=1-1
10-10-2020 à 10:33:04
Un album pour voyager malgré tout? Vous pouvez prendre The Budos Band airlines: liaison quasi-directe avec les années 70 d'une part, le Nigeria d'autre part.
Les New-Yorkais viennent de sortir leur sixième opus, "Long In The Tooth". La formation d'afro-soul n'en est pas à son coup d'essai, mais si les premiers disques faisaient à mon goût trop penser à des belles galettes lounge, classes et confortables, il leur manquait un je-ne-sais-quoi de supplément d'âme et de tripes dans l'interprétation.
Ce qui frappe aussi c'est cette atmosphère très seventies sur les premiers titres de l'album, comme des bandes son de séries US de cette époque: dès "Long in the tooth", puis "Sixth hammer" et les suivants comme "Dusterado" (aux influences logiquement plus tex-mex).

Le virage du précédent "V" est confirmé: quelques relents plus rocks, avec une batterie plus agressive (exemple: "The wrangler"), des cuivres plus crus ("Haunted sea" entre autres) mais toujours aussi puissants, qui ont toujours fait l'essentiel de la signature artistiques du groupe.
Le côté plus brut se retrouve dès l'annonce des compositions ("Gun metal grey", voire évidemment "Mierda de toro"!): les solos de sax sont râpeux comme des serpents à sonnette en train d'escalader votre jambe, mis aussi en rythme et en nerf par les guitares ("Silver stallion" ou "Renegade" par exemple).

L'ensemble donne envie de monter le volume, de regarder loin au-delà des fenêtres et de servir un alcool fort pour s'harmoniser avec l'ambiance musclée et sirupeuse à la fois.

"Gun metal grey": youtube= 2-dj8fSr5-c
Ecoute chez eux: https://thebudosband.bandcamp.com/album/long-in-the-tooth
16-04-2021 à 10:11:51
‌2013: l'Afrique noire, noire au-delà de toute vision raciste, hypocritement appelée sub-saharienne aussi, bref cette Afrique rayonne musicalement, des artistes variés sortent encore des disques superbes qui rendent enfin hommage aux voix, instruments, langues et ambiances africaines. Pas nécessaire de faire un catalogue des Toumani Diabaté, Cheik Tidiane Seck, Ballaké Sissoko, Orchestra Baobab et tant d'autres.
Des merveilles vous dis-je, depuis ces voix aériennes reconnaissables entre mille, ces instruments qui jouent avec l'air (comme la kora) à ces rythmes à la fois vifs et alanguis. Le tout sans hésiter à créer avec "l'occident", artistes et instruments compris (guitare par exemple avec les Frères Guissé).

Et puis bon, 2013 c'est aussi la cassure brutale: implantation des groupes islamistes au Sahel, avec le rejet de la musique (surtout profane) inhérent à cette idéologie. L'effet est aussi brutal qu'hélas durable: la musique africaine est engloutie par ce trou noir intellectuel. Presque plus rien ne sort désormais, surtout directement du continent. Une catastrophe artistique et humaine.

Alors voilà qu'enfin en 2021 le Malien Ballaké Sissoko réussit à produire un disque, "Djourou".
Son instrument fétiche: la kora, dont les superbes pincements de cordes défient la pesanteur et le misérabilisme, voire la condescendance trop souvent affectée à tout ce qui concerne l'Afrique, dès les morceaux d'ouverture ("Demba kunda" ou "Djourou", avec Sona Jobarteh, la nouvelle génération de joueuses de kora).
Ballaké n'est pas seul sur ce disque; il prolonge ce qu'il a toujours fait, en l'occurrence la collaboration avec d'autres artistes. On trouvera la flûte et le violoncelle de son complice de longue date Vincent Segal: "Jeu sur la symphonie fantastique", qui prouve que la musique africaine n'a rien à envier à la supposée plus noble musique classique.
Pour les voix, on retrouve les belles envolées de Salif Keita ("Guelen"), la douceur de Camille ("Kora"), d'Oxmo Puccino ("Frotter les mains"... mais pas trop convaincu par les paroles), de l'Anglo-Français Piers Faccini ("Kadidja") pour finir avec Feu! Chatterton ("Un vêtement pour la lune", surprenant de poésie, à la façon des dialogues du beau film "L'enfant lion").
Un disque d'une beauté méditative très émouvante, qui nous fait nous envoler bien au-dessus des tristes étroitesses d'esprit, plus près du soleil et de l'humanité. Les mains mêlées noire/brune de la pochette est évidemment une évocation de l'état d'esprit de Ballaké Sissoko, artiste du partage et du rapprochement des cultures et des Hommes, en toutes égalités ("...des gens bien" comme il le fait chanter à Oxmo Puccino).

On oserait presque croire que cet album marque le début d'un renouveau, mais le fait-même qu'il soit co-réalisé avec des artistes français en dit aussi long sur l'état de l'art du côté du Mali, même si cela n'enlève absolument rien à la qualité de "Djourou". A la fois une victoire et l'aveu d'une défaite.

Pour celles ou ceux qui veulent aussi découvrir visuellement la kora sur Youtube, avec le morceau-titre "Djourou": 8wWPC8edho8
Ecoute intégrale: https://ballake.bandcamp.com/
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