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Enceintes François H.

Red hot blues

10-07-2017 à 23:42:38
Issu du rugueux trio des Black Diamond Heavies, Mark Porkchop Holder vient de commencer une carrière solo avec son arme préférée: la slide guitar.

Album très logiquement intitulé "Let It Slide" qui balaye une bonne partie des utilisations possibles du slide: du blues antédiluvien ("Let it slide reprise"), au blues-rock ("My black name", "38", "Baby please don't go"), au rock sudiste ("Headlights"), au rock lourd ("Stagger Lee"), au rock roulant ("Disappearing") en passant par la country à la Johnny Cash ("Stranger").

On comprendra que le Mark aime les sonorités à l'ancienne, en rendant hommage aux glorieux ancêtres et maîtres du genre; bref on est en terrain connu.
Pas novateur certes mais bien foutu.

A peine plus de huit morceaux organisés en face A / face B, comm'dans le temps du vinyl mon gars!!

"My black name": youtube= YS6miti9XHA
"Disappearing": youtube= W7EzbaBIYjc
Extraits: https://www.amazon.fr/Let-Slide-Mark-Porkchop-Holder/dp/B01MSTWFRQ/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496319975&sr=8-1&keywords=Let+It+Slide+Mark+Porkchop+Holder
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02-09-2017 à 09:14:06
Hello les frappés, les agités du bocal, les fêlés de la cafetière et les doux dingues!!!
Re-voilà votre artiste emblématique, celui qui va vous faire cataloguer directement dans la catégorie "???" et "!!!", voire "...", j'ai nommé Bob Log III.

On ne connaît ni son vrai nom, ni son vrai visage et pourtant ce n'est manifestement pas du même tonneau que les Daft Punk, qu'il a d'ailleurs très largement précédés en matière de production musicale.
On sait juste qu'il est né aux environs de 1970 et nous vient en principe de Tucson (Arizona).

On ne comprend généralement quasiment rien de ses paroles, même en étant natif de chez lui, et pour cause: il s'exprime depuis un casque de moto (ou d'aviateur, ou d'homme obus, à vous de voir) et au travers d'un combiné de téléphone encastré dans la visière.
Y a pas que le téléphone qui est encastré chez lui: les titres et surtout leur interprétation devraient fournir matière à étudier pour les futurs archéologues musicaux du XXIIème siècle...

Bob Log est un one man band: il chante (enfin, éructe en rythme le plus souvent), gratte sa guitare (c'est le mot, gratter, car il utilise le bras d'un singe greffé, comme il le prétend!), tape la grosse caisse et les percussions de ses deux pieds. Cela vous donne des morceaux très syncopés à la sonorité aussi minimale que brute, quelque-part entre le rock, le folk, la country et le blues.
Sa musique procure pourtant une certitude: la vie est trop brève et trop ennuyeuse pour la prendre au sérieux, alors autant faire de l'art en se marrant.

Les titres portent donc de nombreuses stigmates de ses obsessions: les nanas (depuis son ancien et mythique "Boob scotch", confirmé par des "Shake the boot", "Anna make it go", "Bobbie the mechanical cat", "Booty of a grizzly" et autres "Mine tonight"), la guitare en folie ("String flinger", "Guitar party power", "Party van", etc), le n'importe quoi ("Riversiderer", "Ooo ah ooo uh", "Disco banjo").

Mais ne vous trompez pas, le Bob a un talent réel et une technique fabuleuse derrière le masque de grand guignol; écoutez justement "Riversiderer" par exemple! 

J'avais perdu la trace productive de Bob Log III bien que l'ayant vu en concert il y a un an, le genre de spectacle très proche du happening musical d'avant-garde, seul en scène et entouré d'ustensiles étranges et merveilleux comme des ballons et de bateau gonflables.
En revanche, étant donné qu'il a (momentanément??) abandonné les supports physiques, j'avais loupé la sortie simultanée (??!) de deux albums que je recommande aux aventuriers sonores: "Guitar Party Power" et "Bump Or Meow Volume I".
Alors c'est vrai, c'est n'est absolument pas du pur blues, vous ne ferez jamais l'unanimité avec cette musique-là, vous déclencherez probablement des regards consternés et un rejet de type allergique (peut-être à commencer par vous), mais au moins vous pourrez dire que décidément la musique est une chose qui vit et qui peut surprendre les plus blasés.

Pour ma part j'ai éprouvé un réel plaisir à sombrer dans cette folie inoffensive (elle...), à marteler du pied sur "Spotlight on touchie" et à écouter fouler du pied toutes les conventions, à entendre ridiculiser les hyper-machismes musclés de tous poils.
Sacré Bob!!...

Ecoutes intégrales ici: https://boblogiii.bandcamp.com/
13-10-2017 à 19:28:17
70 berges, bon dieu! Presque 70 berges que Watermelon Slim, alias Williams Homans traîne avec caractère sa gueule de buriné et ses cordes vocales écorchées.
Pas un né de la dernière averse, vu qu'il en a connu des vraies tempêtes, du Vietnam aux fins fonds de ses States natals.

Un album qui tangue du blues blanc ("You're going to need somebody on your pond" ou "Mean Streets") au folk en passant par la country de type historique ("Barrett's privateers"). On y est pris à l'estomac par cette voix très mâle, qui porte une histoire à elle seule, capable de s'enfoncer dans les basses octaves en guise de final.
Un son direct, y compris pour celui des instruments, en prise directe avec son auvent semble-t-il. Certaines intonations peuvent rappeler le grain d'un Tom Waits, exprimé à la Leonard Cohen ("Cabbagetown").
On y trouvera aussi une influence typée sudiste ("Dark Genius" par exemple).

A l'écoute comme aux réécoutes, on est frappé par l'âme de ce "Golden Boy", qui ne demande aucun effort pour ressentir les émotions du bonhomme ("Wolf cry" entre autres).
Le Williams se fend d'une page en français à la fin de son livret pour clamer entre autres son amour pour le Canada; encore une référence à une certaine forme d'authenticité très "nature".

"Dark Genius" en concert:  youtube= XEvxphcInbk
En live:  youtube= o9x5ONsTUIY
Extraits:  https://www.amazon.fr/Golden-Boy-Watermelon-Slim/dp/B06XPLZ8VC/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1507914084&sr=1-1&keywords=watermelon+slim
15-11-2017 à 12:55:03
Albert n'a pas vocation à faire du blues de petit garçon bricoleur; il lui faut guitare affutée et voix rageuse.
Albert Castiglia aime ce blues électrique, aux confins du blues-rock et du rock lui-même, qui vous enfume couleur acier votre intérieur à chaque tour de disque.

Ce "Up All Night" est parfaitement dans la ligne: la guitare accroche nerveusement ("Woman don't lie" ), l'harmonica chromatise à fond ("Delilah" ), le rock cingle l'air ("Hoodoo on me", "I been up all night", "Three legged dog" ), le swing vous balance les extrémités en cadence ("Chase her around the house" ), mais l'appel du blues l'emporte finalement ("Quit your bitching", "You got me at that place" ).
On appréciera cette voix très amerloque, aux contours précis et mordants, parfaitement raccord avec la sonorité bien crue de cet album. Elle rappelle même un peu Jimi Hendrix sur le titre introductif "Hoodoo on me".
On pourra éventuellement lui reprocher d'en faire parfois trop dans son jeu de guitariste virtuose, mais bon, abondance de biens ne nuit pas paraît-il...

Bref du bon vieux produit bien d'chez eux, alimenté à la testostérone, comme le montrent les titres de la plupart des morceaux. Du blues de mec quoi, mais tant que ça reste au niveau de la musique...
Allez hop, servez-moi un whiskey bien tassé et remettez-moi ça!!

"Woman don't lie": youtube= Vgwl4Hh-HNU
"I been up all night": youtube= lUruQPOYit4
Un ancien "Cadillac line assembly" en live, où l'on entend que ça sonne au moins aussi bien que sur disque:  youtube= XDcgdDQoUP4
Extraits:  https://www.amazon.fr/Up-All-Night-Albert-Castiglia/dp/B074WG3DBY/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1508509102&sr=1-1
15-12-2017 à 23:27:24
Au moins Mark Porkchop Holder annonce clairement la couleur: "Death And The Blues", chez Alive Naturalsound Records (fièrement arboré sur sa casquette).

Il a repris ses slides, sa voix de bon gentil vrai mec, en se lâche sur son second album, quelques mois seulement après son premier.
Une sonorité qui parle au cœur, à la tête et aux tripes, avec ces glissements goûteux sur les cordes ("Billy the kid" par exemple), flirtant avec le blues-rock ("Captain captain", "Sad days and lonely nights") sans oublier de se vautrer (et nous avec) dans des blues électriques ("Coffin lid", "Be righteous"), profonds ("Nobody wants to cry", "James Leg" (un hommage à un autre bluesman devant l'éternel), "Bless me Santasima", "Death and the blues"), voire boueux et poisseux ("Big boat", "What is wrong with your mind").
On pourra distinguer quelques messages subliminaux dans les titres, les paroles ou certaines photos du disque, comme le This machine kills fascists inscrit en gros sur la grosse caisse de la batterie, ou encore une fois "What is wrong with your mind". En clair et entre autre c'est évidemment un rejet de Trump qui transparaît.
La tonalité sonore globale de cet album est parfaitement raccord avec son titre: sombre, basse envahissante, son mastoc, passant mieux à haut niveau. Faut dire que le Mark revient de loin, eu égard à de gros ennuis de santé; derrière le plaisir la douleur: quasiment la définition du blues...

Typiquement le genre d'album sur lequel vous avez de monter un peu plus le son à chaque titre, car c'est un massage aux bonnes vibrations que le Mark vous propose.
Pas de surprise certes, mais surtout pas la moindre mauvaise surprise dans ce disque!
Ah oui, eh ho, z'allez pas acheter le truc en fichier à télécharger hein; à quoi ça sert que le Holder se décarcasse à nous faire une Side A et une Side B à l'ancienne??!!!...

"Coffin lid":  youtube= iE-EJX2CR0k
"Big boat" en live:  youtube= FGOxsbnLRDs
Extraits: https://www.amazon.fr/Death-Blues-Mark-Porkchop-Holder/dp/B075L2QTRM/ref=sr_1_10_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1509701675&sr=1-10
12-01-2018 à 12:25:23
Si vous aimez les nanas qui ont du fouet dans la voix et du feu dans le sang, vous devriez aimer le dernier album de Casey Hensley.
L'amie et copine de scène de la regrettée Candye Kane (hélas prématurément décédée en 2016 et à qui elle dédie le disque) vient raboter les airs avec ses interprétations volcaniques quelques classiques ("I just want to make love to you" ou "I put a spell on you" par exemple, repris sans complexe des mecs ), pousser quelques cris féminins voire féministes ("Voodoo woman", "Hard headed woman", "You can have my husband", "Hot hot hot!" ).
Le tout est parfaitement exécuté dans un cadre blues-rock bien saignant, qui vous a des airs évidents de scène ou de club, où cela a d'ailleurs été enregistré. Du coup les envolées de gorge rageuses sont à apprécier à leur juste valeur: pas de faux-semblants mais un rentre-dedans digne d'un boxeur poids moyen ici.

Pour la seconder de près dans cet incendie, une autre femme, guitariste en l'occurrence: Laura Chavez.
Cette Casey-là ne se casera pas avec le premier crétin venu; faudra assurer, elle en annonce la couleur haut et fort!
A noter la très jolie photo de la pochette, qui lui donne plus un air de jeune bimbo latina que du volcan qui est donné à écouter tout au long du disque. L'a l'air d'avoir fait un régime la Casey, mais strictement sur la nourriture, pas sur le charnel...
La seule chose vraiment sobre c'est le titre de l'album: "Live".

Une version live (et bien en chair, mais sans Laura Chavez) de "Too tired", quoique moins réussie que dans l'album décrit plus haut: youtube= VQo83gpxpwQ
Idem pour "I just want to make love to you": youtube= 31seuY-Wf9k
"Ball and chain": youtube= lE4cF68POgw
Extraits: https://www.amazon.fr/feat-Laura-Chavez-Casey-Hensley/dp/B0756RFFX6/ref=sr_1_2_twi_mus_2?ie=UTF8&qid=1508592127&sr=8-2&keywords=casey+hensley
24-03-2018 à 14:30:26
Robert Kimbrough sort du bois en sortant le blues de sa zone de confort: des influences soul et R'n'B ("Change has come", "Bring it on")dans des compositions fluides où la voix comme la guitare restent bien fidèles aux standards du genre ("Blues rooted in me", "Too much like yo daddy"). C'est "My Frog".

Robert Kimbrough garde cette voix chaleureuse et douce ("It's a shame to see you cryin", "Can't hardly breathe").

Un court album (7 titres) mais qualitatif car bien inspiré, pour un artiste qui refuse manifestement de faire du remplissage.

"Blues rooted in me" en concert: youtube= 6nmOq77MWtU
Extraits: https://www.amazon.fr/My-Frog-Sr-Robert-Kimbrough/dp/B076PGDXK6/ref=sr_1_2_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1521293041&sr=1-2&keywords=robert+kimbrough
16-06-2018 à 10:21:07
Vous aimez le classique, le solide, le boulot bien fait avec des ingrédients du terroir?? Ecoutez donc "The Blues Is Alive And Well" de Buddy Guy.

Du blues traditionnel donc, sans surprise ni défaillance, comme une assurance de conformité musicale, ainsi que le bien-nommé "Old fashioned" l'arbore. Il a beau faire chanter "Blue no more", c'en est du profond, qui sent à pleins haut-parleurs les champs du sud ("You did the crime"), jusqu'à du blues-rock nerveux ("Somebody up there", "Whiskey for sale").
On appréciera le traitement de la 6 cordes par Buddy Guy, un mélange de brillant et de légèreté dans l'exécution, qui accompagne parfaitement les mélodies, sur "Guilty as charged" parmi tant d'autres .
Il s'est occasionnellement accompagné de quelques gloires du rock classique, comme Jeff Beck, Keith Richards ("Cognac" notamment) ou Mick Jagger, preuve supplémentaire de cette volonté de faire dans le connu et le reconnu.

Il faut bien dire que cet aspect traditionnel constitue à la fois un atout et une faiblesse de cet album, par ailleurs très bien fait et homogène.
Mais peut-on demander à un monument de 81 ans de se déglinguer le cerveau pour faire du d'jeun??! Cela rappelle d'ailleurs les derniers (bons!) albums de John Lee Hooker; une forme d'œuvre testimoniale.
Bref le disque parfait pour ceux qui veulent simplement se retrouver "comme à la maison", si vous voyez ce que je veux dire, car il en faut pour tous goûts et pour tous les moments.

Le morceau-titre "The blues is alive and well": youtube= FIn_gA2XwL0
Extraits: https://www.amazon.fr/Blues-Alive-Well-Buddy-Guy/dp/B07D3RRFXP/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1529135018&sr=1-1&keywords=buddy+guy
19-07-2018 à 10:39:18
Bon déjà, un blanc qui se spécialise dans l'harmonica et qui veut jouer du blues des racines, laissez-moi rire!!!

Ouais OK, pas né de la dernière pluie (1956), pas né n'importe où (Chicago) et pas tout seul dans son garage le mec.
En fait le gars en question, y a longtemps qu'il pleure avec tous les frères du Sud, du Michigan et d'ailleurs, en les accompagnant sur des morceaux qui saignent comme le cœur des damnés des ghettos.
Ce type c'est Bob Corritore, pas exactement à son coup d'essai avec son "Don't Let The Devil Ride!", mais mieux vaut tard que jamais pour découvrir un cratère accueillant de notre lune bleue...

Même la pochette, très typée 50s', vous met illico sur orbite, comme la DMC De Lorean du film.
Le voyage commence du côté et à l'époque de crossroads et de Robert Johnson, sur "Went home this Morning". Ensuite c'est le rythme de l'enfer façon féminin sur "Tell me Mama", et retour vers les fifties donc, à la Screamin' Jay Hawkins ("The glide").
Pour ceux qui adorent ce blues traditionnel et aussi déchirant que déchiré, ils devraient adorer une grande partie des titres ("Laundromat blues", "Fork in the road", "I was a fool", "Thundering and raining" ou "Don't let the devil ride" justement).
Mister Bob en profite pour nous refaire l'histoire de la musique noire-américaine avec des morceaux très rock'n'roll ("Lovey Dovey lovey one", "Willie Mae", "Blues why you worry me?").
Au final un album aussi joli à poser sur la table qu'à écouter, comme un rétroviseur sur la jeunesse éternelle qui remonte du passé.

Alors fini de rigoler et souriez plutôt, le Bob il sait vraiment y faire!!

Extraits: https://www.amazon.fr/Bob-Corritore-Friends-Dont-Devil/dp/B07CJK7QSL/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1529788879&sr=1-1&keywords=bob+corritore+don%27t+let
28-08-2018 à 12:26:49
Ça balance, ça vibre, ça donne des émotions; c'est du blues-rock qui traîne davantage les pneus du côté du blues.
C'est le vétéran Boz Scaggs qui s'y colle, avec sa maîtrise habituelle de la guitare, qui lui évite d'en faire trop; juste bien posée quand il faut ("Radiator 110" au hasard).
Il enrichit sa face blues grâce à quelques cuivres chaloupés ("I've just got to know"), un piano lancinant ("I've just get to forget you", "The feeling is gone"), voire un orgue Hammond en pleurs ("On the beach").
Sur ce "Out Of The Blues" on appréciera en plus particulièrement la voix traînante de Boz, qui colle parfaitement à la tonalité de cet album, en lui donnant des airs quasiment soul ("Those lies" notamment).
Le tout avance avec souplesse, sans duretés, comme si ce bon vieux Boz avait retrouvé ses jambes de 30 ans, mais pour le cœur pas de problème: il bat, aime, regrette et assume toutes les facettes de la vie.

"I've just got to know": youtube= MuOKrotIuhc
Extraits: https://www.amazon.fr/Out-Blues-Boz-Scaggs/dp/B07CTB6XZ9/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1532712033&sr=1-1
21-09-2018 à 22:55:03
Le retour vers le passé c'est parfois sympa au cinéma, rarement en musique; on s'aperçoit généralement que les modes vieillissent vilainement les artistes et leurs manies.

Alors bon, quand Billy Gibbons remonte les cordes de sa guitare, chausse ses lunettes de soleil et se repoudre la barbe comme il le faisait à la grande époque de ZZ Top, on a tout de même quelques raisons de craindre une prolongation de la crise d'inspiration, comme sur les derniers albums du trio texan…


Ecoute circonspecte de "The Big Bad Blues". Bien sûr la voix du Billy est bien là, immédiatement reconnaissable depuis "La Grange" (auquel l'introductif "Missin' yo kissin'" fait d'ailleurs immanquablement penser) ou "Gimme all your lovin'". En revanche la sonorité râpeuse voire presque boueuse ("Mo's slower blues"), nous ramène aux tout premiers disques de ce groupe légendaire: le titre ne ment pas, on a ici un blues "blanc" et nourri à la testostérone, baigné de vapeurs de gasoline échappées d'une bonne vieille Chevrolet.

Le connaisseurs trouveront une évidente filiation avec les vieux "First Album" ou "Rio Grande Mud"... qui feront bientôt leurs 50 ans!
Curieusement cela passe très bien à deux conditions: ne pas du tout attendre de révolution musicale et bien pousser le volume pour bien percevoir les vibrations de l'harmonica, les bronches de Gibbons et les ondulations des guitares ("My baby she rocks" entre autres).
Les titres progressent en puissance comme de bons gros V8 amerloques ("Bring it to Jerome" au hasard) ou comme une pleine gorgée de bourbon. Le rock n'est évidemment jamais loin ("Rollin' and tumblin'"), mais il cède nettement devant les influences blues qui ont forgé la base de ZZ Top (vintage et chouette "Standing around crying").
Retour à la maison, hein Billy?!!

Il faut signaler le dernier titre, "Crackin' up", qui surprend par son décalage stylistique total avec le reste de l'album, car plus proche des compositions de mariachi balnéaires, comme un clin d'œil sympa qui prouve que l'humour fait aussi partie du bagage de Gibbons.

Retour vers le passé? Retour au bon vieux temps surtout, et ça fait du bien.

"Standing around crying": youtube= YyIid7SsIwQ
"Rollin' and tumblin'": youtube= rqkXNBvVIhg
Extraits: https://www.amazon.fr/Big-Bad-Blues-Billy-Gibbons/dp/B07FFMP596/ref=sr_1_3_twi_mus_2?ie=UTF8&qid=1537562881&sr=8-3&keywords=gibbons
19-10-2018 à 17:32:50
Seasick Steve ou la reconnaissance (méritée) sur le tard. Le presque one man band n'en finit plus de parcourir la planète et de faire graver des disques.

On colle immédiatement sa voix râpeuse aux étendues rurales US, on imagine bien sa barbe fournie, son éternelle casquette de fermier John Deere, et probablement une odeur de moisson fraîche autour de la salopette qu'il porte à l'occasion.
Une musique résolument tournée vers les damnés de la terre ("Down da road"), sans verser pour autant dans la country ni même le folk classique (hormis "Last rodeo"); c'est bien du blues qu'il joue ("Chewin' on da blues", le délicat "Sun on my face", "Shady tree").

Cela ne l'empêche de muscler sa musique aux influences rock ("Can u cook?", "Locked up and locked down blues"). Le truc de Steve? Nous raconter des histoires, ses histoires, universelles ("Lay"), de nous emmener sous le soleil d'été pour y lézarder ("Get my drift"). L'ancien n'oublie pas que le métier de fermier est soumis à la dictature des grandes entreprises au moins autant qu'à celle de la nature, aux States comme n'importe où ailleurs sur notre planète ("Company").
Un bluesman rural engagé quoi.

Allez, préparez-vous une bonne poilée de ce "Can U Cook?", et direction les pâturages les plus proches, pas trop près des angles droits du béton.

"Can u cook" en live, comme je l'y ai vu il y a peu: youtube= KGx4JMa1-as
Extraits: https://www.amazon.fr/Can-U-Cook-Seasick-Steve/dp/B07FZRHF6M/ref=sr_1_13_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1536255238&sr=1-13&keywords=seasick+steve
31-12-2018 à 12:06:24
[img] [/img]

Enceinte Concept : Maxi FH / 2V.1/2-Audax Aero.& Mundorf AMT 25CS2.1-R Air
Câble d'Enceinte : DIY WGB25
Amplificateur de puissance : Kinki EX-M7
DAC : RME ADI 2 DAC
Cable USB: DIY blindage 18V actif
PC: Roon / Serveur / Bridge mode séparé
Double PC Fanless Xeon / I3 / Batterie AGM-IFI Power
15-03-2019 à 15:27:39
Mississipi: terre et eau originelles, au bord du grand fleuve les champs, le peuple des travailleurs noirs, Dieu, le diable... et la musique, les musiques.

Robert Kimbrough Sr revendique sans complainte tout cet héritage fait de blues et de soul mélés, ce lyrisme nourri par le mysticisme bienheureux du gospel: "The cotton patch soul blues sound" comme il l'affiche fièrement sur la pochette. Son blues s'enrichit de la Soul par le rythme et une basse très présente ("Get yo woman" entre autres), avec des morceaux donc fluides ("I'm a blues man"), mais qui savent peser de façon charnelle ("That's all you got"), et bien sûr ces envolées aiguës typiques ("I been fixed").
Comme toujours il sort un album au format presque vinylique: peu de morceaux mais pensés et travaillés à la six cordes (on dépasse parfois les 8 minutes, comme dans "That's why I still love you"), avec cette voix qui aurait pu s'élever dans une église ("Laugh at me", "In remembrance of Momma" par exemple).

Un "I Been Fixed" qui allie très bien la virtuosité technique et l'atmosphère à l'expressivité et à la chaleur de l'âme caractéristique de cet artiste (lequel rappellera éventuellement le conteur Gashouse Dave).

Extraits: https://www.amazon.com/Been-Fixed-Sr-Robert-Kimbrough/dp/B07HYBSCX4/ref=sr_1_1?keywords=Robert+Kimbrough%2C+Sr.&qid=1552217048&s=dmusic&search-type=ss&sr=1-1
03-05-2019 à 15:05:38
Alors comme ça c'est du déjà entendu???! Dis-moi, quand tu replaces avec gourmandise ton postérieur dans ton young timer ou ton ancienne, tu te dis pas "mince quelle plaie, c'est pas du tout nouveau cett'caisse"!! Et bien Tony Campanella c'est du pareil au même mon gars; du blues comme on en fait depuis des lustres, mais bien conservé et bien mené, et ça fait toute la différence avec quelques breuvages sonores censés être modernes mais qui ont autant de style qu'un bureau administratif.

Alors donc not'Tony vient des USA, sans cheveux (clin d'œil de "Mr Cleanhead"...) mais pas sans talent, avec un premier album mais pas sans passé. Il aime sa six-cordes puisqu'il la magnifie sur chaque morceau, dès le morceau-titre "Taking it to the street". Une sonorité qui emprunte en toute conscience à des grands noms du blues et du rock, comme Hendrix (et plein d'autres, on va pas jouer le petiot jeu de "qui je pourrais être"), comme sur "Good morning little schoolgirl".
Du blues surtout, comme l'indique le fluide "One foot in the blues" ou le bien-nommé "Finger on the trigger", accompagné d'une voix légèrement traînante, accentuant le balancement du rythme ("You don't know" ou "My motor's running" par exemple), ou les empreintes boueuses/poisseuses de certaines compositions ("Texas chainsaw"), voire les influences gospel ("Those are the times").

Bref vous n'aimerez certainement pas si vous ne jurez que par la nouveauté artistique, mais vous apprécierez ce parfum connu et capiteux venu des nos racines musicales américaines.
"Taking It To The Street"? Pas l'immense avenue toute moderne mais bien cette ruelle sympa à échelle strictement humaine.

"Taking it to the street": youtube= 4UDIn9zw7sM
"One foot in the blues": youtube= eKRBU9r2XqU
Extraits: https://www.amazon.fr/Taking-Street-Tony-Campanella/dp/B07QHH4C8D/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=Taking+It+to+the+Street+Tony+Campanella&qid=1556285008&s=gateway&sr=8-1
17-05-2019 à 17:09:13
20 ans, un physique pour le moins imposant, mais une expressivité à la fois classique et nerveuse: Christone "Kingfish" Ingram.
Un jeune bluesman qui vient du Mississipi comme tant d'autres, pour perpétuer la tradition du genre, dans son 1er album solo "Kingfish".
On est agréablement surpris d'entrée de jeu par la vivacité de ses interprétations et par sa voix certes aérienne, mais assurée comme celle d'un vieux briscard, dynamisant les compositions, dès le très blues-rock "Outside of this town".
On appréciera la variété des titres, parfois mélancoliques ("Been her before"), accompagnés à l'harmonica ("If you love me") ou très blues ("Love ain't my favorite word"). Le swing est aussi présent ("Trouble"), comme l'ultra classique puisant aux racines du blues "Hard times".
Et bien sûr un maniement expert de la six cordes, fièrement arborée sur la pochette, jusqu'aux notes finales de "That's fine by me"; pas un admirateur de Jimi Hendrix pour rien!

Un disque qui constitue une plongée vivifiante dans le blues intemporel, toujours aussi vivant dans les doigts des plus jeunes artistes comme Christone.

"Outside of this town": youtube= kUXzZWBEJFE
"That's fine by me" en public: youtube= bUKnJZPmkzI
Extraits: https://www.amazon.fr/Kingfish-Christone-Ingram/dp/B07PDT8TT6/ref=sr_1_1?pf_rd_i=541640&pf_rd_m=A1X6FK5RDHNB96&pf_rd_p=8bc25e92-eccb-45b9-9780-69d6ef1e2d6a&pf_rd_r=X03F8117T510YYN0TMGZ&pf_rd_s=merchandised-search-leftnav&pf_rd_t=101&qid=1558099003&refinements=p_69%3A4x-2y&rnid=301164&s=music&sr=1-1
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