J'savais pas trop quoi faire. Ecouter le blues me masse toujours aussi agréablement le cœur et l'âme, mais j'avais besoin de lumière éclatante, de chaleur solaire et d'air du large. Alors du coup j'suis allé voir
Rick Holmstrom pour écouter ce qu'il avait en stock. Faut dire que Rick il vit pas dans le Mississipi, l'Illinois ou même NY; il vit à Los Angeles et a enregistré son bien-nommé "
See That Light" à Venice (California of course).
Alors du coup son blues t'a une couleur particulière, pas celle de la boue, de la neige, du coton ou des grands arbres du Sud: l'air du Pacifique aère ses touches et met de l'espace entre les musicos (sur tous les morceaux, dès "
Take my hand", "
Don't wake me", ou "
Come along"). L'a même une façon de chanter très "blanche", et pour cause, c'est un blanc-bec, mais n'allez pas y voir un jugement de valeur raciale, en creux ou pas. Me fait penser à ces p'tits Blancs talentueux et sardoniques des White Hassle (rien qu'leur nom me faisait rigoler), comme sur "
Look me in the eye", et j'me demande même si le titre "
I am an asshole" n'est pas un hommage discret et rigolard.
En tout cas il sait trèèès bien gratter les cordes, en pincements ou en slides ("
Losing my shit", "
Keep it hid"). Il sait aussi faire pleurer le blues, mais c'est vrai qu'y a pas l'évidence de la douleur profonde de pas mal de confrères noirs, mais à mon avis il appartient tout'd'même à leur communauté, et c'est le principal.
Pour les ceusses qui ont du mal avec le blues des racines, on pourra apprécier la tendance blues-rock du Rick: "
Got to go", "
I'd rather be a loser".
Ça faisait un paquet d'années qu'il avait plus sorti de disque Holmstrom ("
Waiting too long", tu l'as dit), mais franchement quand t'écoute ça c'est frais comme un lever de soleil sur la Sierra Madre, et ça te réchauffe tranquillement comme le soleil californien (tranquille "
Lonesome sound"). En fait je trouve carrément que c'est sa meilleure galette. Et puis j'aime bien les types comme lui qui savent se moquer d'eux-mêmes, comme dans "
I'd rather be a loser".
Il te termine l'album sur un blues qui sent plus le sable que la poussière, et plus le feu sur la plage que celui du poêle: "
Joyful eye". Ben tu sais quoi? C'est pas plus mal et ça fait du bien d'avoir cette variété dans le blues, pas trop enfermé dans un style. Bon, j'crois que j'vais rester un peu face au soleil couchant et face à l'océan, là-bas sur le Pacifique ou ben chez nous sur l'Atlantique...
Ecoute intégrale ici:
https://rickholmstrom.bandcamp.com/