Hein, quoi, de la country??! 'Serait pas en train de virer Trump le Thunderbolt?...
Bah non , bah non, justement parce que
Orville Peck met une sauce toute personnelle qui donne à ses plats des parfums moins typés, ou en tout cas bien moins exclusifs que la country classique.
Il se situe certes dans la mouvance country, mais la belle voix de crooner rappelle Chris Isaak, tandis que les cordes de la guitare résonnent longuement, dès l'introductif "
Dead of night". La slide guitar vous téléporte effectivement et aussi sec sur les routes du Nevada dont l'artiste vient; aucune peine à s'imaginer les paysages sauvages défiler, en chevauchant une Indian, comme sur "
Wings change".
Sa musique est chaleureuse, chaloupée et mélodieuse, sans les saccades verbales typiques du style originel. Les injections de gênes pop, voire électro, assouplissent très efficacement le rendu stylistique, comme sur "
Queen of the rodeo". Bon évidemment il est inimaginable d'écouter un type avec une telle profession de foi ne pas faire allusion à ce qui fait le folklore du Middle West: les bisons ("
Buffalo run"), le rodéo ("
Queen of the rodeo" of course), la nature ("
Big sky", "
Old river"), les ballades romantiques (comme "
Roses are falling", très Elvis Presley), jusqu'au titre de ce premier album, "
Pony".
Il y a aussi une composition un peu trop larmoyante à mon goût: le très vespéral "
Kansas", personne n'est parfait.
Mais franchement ça pourrait être de la country pour ceux qui n'aiment pas la country, si vous voyez ce que je veux dire, d'autant qu'il défend des idées pas du tout "trumpiennes", notamment sur l'acceptation des différences raciales et sexuelles.
Ah oui au fait, Orville n'a pas que sa musique de country: sa tenue très cow-boy pareillement. Ce qui nous amène à causer de ce qui constitue généralement les premières lignes des chroniques sur le monsieur, car c'est un peu le justicier masqué: chapeau(x), loup et longue frange de lanières qui masquent totalement son visage, d'où un côté mystérieux et intrigant qui fait aussi le succès du bonhomme (trop beau?). C'est certes un aspect qui fait qu'on cause de lui, mais honnêtement il serait dommage de seulement s'arrêter au flacon, car le contenu vaut largement mieux que cela, c'est le principal!
"
Dead of night": youtube= q3esGD6lcMM
"
Turn to hate": youtube= vR-4l5M_MQ8
Ecoute intégrale:
https://orvillepeck.bandcamp.com/album/pony