Construisez facilement vos enceintes acoustiques de très haute qualité !

Enceintes François H.

It's a woman's world

16-09-2017 à 08:01:49
Valerie June, "The Order Of Time".

D'abord une voix, qui vous accroche pour tout ce qu'elle dit et qu'elle sous-entend: une personnalité vocale qui envoie à elle seule la musique dans une dimension presque sans âge, quelque-part entre Macy Gray et Billie Holiday. En tout cas un style bien à elle, voire bien à part, comme pour ouvrir un nouvel horizon stylistique.
Il y a d'abord un mélange d'aiguës et de sons râpeux, presque brisés, comme sur "Slip side on by". Une expression déchirante aussi, dès "Long lonely road", qui flirte avec le blues et la soul ("Love you once made", "If and"), sans vraiment s'y installer tout à fait, car même les lointaines origines africaines se remarquent ("Man done wrong").
Enfin une voix aérienne à l'occasion ("With you", "Two hearts"), pour mieux retomber sur terre et sur les graves ("The front door").

Un album plus assis que le précédent, "Pushin' Against A Stone", sans doute car cette fois encore bien davantage, Valerie June "Got soul" comme elle le chante pour terminer ce superbe opus.

"Long lonely road": https://www.youtube.com/v/ntc8jL9VDmQ
"The front door":  https://www.youtube.com/v/qAsb1tRrm5g

Extraits:  https://www.amazon.fr/Order-Time-Valerie-June/dp/B01N0Q2JFM/ref=sr_1_1_twi_mus_2?ie=UTF8&qid=1504973131&sr=8-1&keywords=valerie+june
  • Liens sponsorisés



28-10-2017 à 09:53:08
Dès les premières notes de "Le jour" semble apparaître une Françoise Hardy toute jeune et renouvelée: la voix bien sûr, mais aussi les paroles distillées et ponctuées à la Gainsbourg ("Cannibales", "Amoureuse" ), le tout dans un cadre musical raffiné, rappelant souvent les années 60 ou 70 ("Jeu flou", "Apprivoisé" ).
Autre référence, Claire Diterzi sur "La baignade". Très belles références n'est-il pas??

Elle c'est Calypso Valois, et si elle vous est inconnue ce n'est pas exactement une inconnue: fille d'Elli Medeiros et de Jacno elle a donc de qui tenir.

Un premier album sous le signe d'une classe certaine, à l'image de Françoise Hardy justement: "En noir et blanc", "Vis à vie".
Le tempo se fait élastique à la manière de Calypso d'étirer les syllabes vers les notes aiguës, et le temps lui-même semble s'être figé dans un passé musical rêvé, d'autant que l'utilisation de claviers vintage (sur "La faute" entre autres ) ancre ce disque dans l'imaginaire du meilleur de la musique française de ces 40 dernières années. Peut-être justement le sens du titre de l'album; "Cannibale"??
La Calypso ne fait pour autant pas que dans le joli, comme le démontrent les paroles et le clip de "le jour"; du romantisme vache et acide à la Claire Diterzi en l'occurrence.

Seuls deux morceaux font un peu tâche dans cet album: "Surprise-partie" et "La nuit", sans doute par excès de mimétisme avec les années passées. On dirait du Michel Legrand pour le premier, et de la pop des années 80 pour le deuxième.

Pour se la jouer facile on va dire que l'on va céder au chant de la sirène pour partir en rétro-voyage sur les rivages des mers d'antan, avec Calypso.

"Le jour": https://www.youtube.com/v/vf6tkixeNBM
"Vis à vie": https://www.youtube.com/v/CGj9rO9mK7s
Extraits: https://www.amazon.fr/Cannibale-Calypso-Valois/dp/B07561PK4F/ref=sr_1_2_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1507904660&sr=1-2
03-12-2017 à 13:34:12
Affirmation de l'Américano-française, Cécile Mc Lorin Salvant.
Elle nous revient via un double album live enregistré sur 3 jours à New York: "Dreams And Daggers".

Après plusieurs disques studio déjà très réussis, la jeune Cécile éclate doucement de talent en concert, sur les titres qui viennent de la grande période des divas de Broadway (ah les violons de "The worm" ), ou qu'elle a co-écrits, notamment avec son violoncelliste Paul Sikivie.

On est frappé par les grandes qualités de modulation expressive de sa voix, toujours parfaitement placée qui plus est. Alors c'est vrai, la stricte puissance sonore n'est pas son fort, mais elle fait bien plus que compenser en interprétant toujours de la manière la plus fine chaque titre ("Tell me what they're saying can't be true" parmi tant d'autres ). Franchement magnifique et émouvante.
Les thèmes? Des histoires d'amours plus ou moins heureuses, plus ou moins désespérées ("My man's gone now" par exemple ), mais aussi un thème récurrent, par clins d'œils sur toutes les différentes faces du coffret; le racisme et la fierté douloureuse d'être Noir... Et sans doute l'origine "domino" de l'artiste (sans sous-entendu péjoratif aucun!) . Le sommet de l'album dans ce registre, sans doute: "Si j'étais blanche" repris de son idole Joséphine Baker.
On y trouve évidemment nombre de standards jazz, comme "You're getting to be a habit with me".

Bien que capté en concert le son est aménagé aux petits oignons et sans aucun effet spectaculaire, de la voix aux instruments, en passant par les applaudissements du public.
Le genre de disque qui vous fait rechercher où et quand Cécile Mc Lorin passera prochainement en concert.

"You're my thrill":  https://www.youtube.com/v/oDeJiOqq0oA
"Somehow I never could believe":  https://www.youtube.com/v/JsOAsbglcDgExtraits:  https://www.amazon.fr/Dreams-Daggers-C%C3%A9cile-McLorin-Salvant/dp/B073HKYTMG/ref=sr_1_1_twi_mus_2?ie=UTF8&qid=1508590607&sr=8-1&keywords=cecile+mclorin
04-01-2018 à 10:28:11
Noire lumineuse, Jamila Woods.

Certains artistes savent parfaitement assimiler le passé pour construire un autre futur, comme elle.
Elle ne vient pas de Chicago pour rien; la patrie d'une bonne partie des influences de la musique afro-américaine, toujours terre fertile de prospections.
On y trouve donc une dominante soul, à commencer par la fierté d'être noire, mais aussi ces envolées spirituelles typiques: "Lonely", "In my name", "Holy". C'est d'ailleurs cette fierté très "noire", mais aussi d'être femme, qui frappe dans l'ensemble de son album; on pourra la louer ou trouver cela bien identitaire, mais dans un contexte de tensions raciales plutôt vives aux Etats-Unis, cela relève du combat pour une véritable reconnaissance.
Difficile de rattacher Jamila Woods à un style bien précis tant sa musique est multiforme, entre les morceaux différents comme à l'intérieur de chacun d'eux.
On y ressent des origines africaines dans certaines sonorités et rythmiques ("VRY BLK" par exemple ), mais aussi dans les clips qu'elle a déjà tournés ("LSD" ).
On y observe une influence jazzy, toute en délicatesse: "Heavn", "Emerald street".
Le hip-hop et le rb'n'b n'est jamais très loin non plus, niché au sein des certains titres comme "LSD" ou "Blk girl soldier".
Et puis il y a tous ces morceaux très personnels qui brassent un peu de tout, comme "Lately", "Breadcrumbs", "Stellar".

Le tout peut aussi rappeler la démarche d'une Neneh Cherry. On appréciera enfin cette voix claire et aérienne, qui interprète toujours avec une sincérité jamais lourdingue chaque composition.

Finalement le plus difficile à supporter ce sont les 6 plages d'interludes, qui cassent un peu le rythme de l'album à mon avis, autant dire que l'essentiel de "Heavn" est d'un excellent niveau musical.

"Holy": https://www.youtube.com/v/t3MhH2WekcY
Engagé, voire militant, "Blk girl soldier": https://www.youtube.com/v/asVhafDASjo
Extraits: https://www.amazon.fr/Heavn-Explicit-Jamila-Woods/dp/B0746P6THB/ref=sr_1_1_twi_mus_2?ie=UTF8&qid=1509186397&sr=8-1&keywords=jamila+woods
21-02-2018 à 16:44:21
Voix de velours et teintes chaudes, c'est aussi China Moses.
Elle possède dans la gorge ce qui manque souvent à des artistes comme Diana Krall: une tessiture profonde et variée qui donne à elle seule une profondeur humaine à sa musique.

China joue sur ce jazz ("Disconnected" par exemple ) qui reste donc attaché au meilleur des sentiments ("Ticking boxes","Whatever", "Breaking point" ), sans hésiter à groover ("Watch out" ). Une force alliée à une subtile délicatesse qui vous tire des émotions du coeur ("Nicotine" ), tout en allant du côté de Broadway ("Lobby call", "Blame Jerry" ).
Le disque entier est marqué par cette chaleur: piano, basse et évidemment contrebasse sont bien là, en proche contre-point des vocaux.

Le titre de l'album n'est vraiment pas loin de la description de la performance chantée: "Nightingales".

China Moses: une voix qui réchauffe l'hiver, hâte le printemps et entretient l'été.

"Running": https://www.youtube.com/v/YyBuw76L7W8
Extraits: https://www.amazon.fr/Nightintales-China-Moses/dp/B01N5V7MUZ/ref=ice_ac_b_dpb_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1518273597&sr=1-1&keywords=china+moses
09-06-2018 à 09:43:27
Un souffle clair venu de Melbourne, une voix posée et aérienne à la fois, une douceur caressante: Laura Jean.

L'Australienne vient nous raconter des histoires de son monde et du nôtre ("Which one are you?"), tout en mélodies tranquilles. Le premier contact est donc cette intonation, à peine poussée vers le chant, avec ces fins de mots qui retombent doucement, ces rythmes à peine pressés, comme Suzanne Vega (évident sur "devotion" ou "Girls on the TV").
Les claviers longs donnent un souffle qui fait planer les morceaux ("Northerly" entre autre), avec à l'occasion des envolées vers les hautes notes ("Touchstone").
Au total une musique très féminine et séduisante (CQFD), dans une album ("Devotion") beaucoup moins folk que son 1er opus, plus construit aussi, et finalement bien plus personnel.


"Girls on the TV": https://www.youtube.com/v/Pu5wM9EsW7Q
"Touchstone": https://www.youtube.com/v/A9QIHpTWMwU
Ecoute chez elle: https://laurajeanmusic.bandcamp.com/album/devotion
14-12-2018 à 16:23:57
Toni Braxton, toujours aussi vivante et vive... ou comment passer la cinquantaine sans renoncer aux plaisirs de la vie, fussent-ils explicitement charnels, comme elle le rappelle dans "Long as I live"...
C'est ce qu'elle propose dans son "Sex And Cigarettes", expédié en 8 morceaux comme une aventure d'une soirée; avec gourmandise et sans laisser le temps abîmer quoi que ce soit.
L'Américaine n'a pas gardé que son physique et les appétits qui s'y attachent, elle a ici surtout une voix cristalline et puissante, qui cingle avec sensualité les vibratos de ses phrasés, dès le "Deadwood" d'entrée.
Le repas gourmand continue sur le morceau-titre "Sex and cigarettes" qui flirte, c'est le cas de le dire, avec le R'n'B. Le superbe et acoustique "FOH" laisse à sa voix toute la possibilité de s'exprimer, comme sur "My heart" d'ailleurs.
"Coping" ne serait pas renié par certaines reines noires de ce style de musique, pour ses montées rageuses vers les aiguës. Seul le dernier "Missin'" apparaît nettement plus commun que le reste, tant sur le fond que sur la forme.

En définitive le seul vrai reproche que je fais à ce disque c'est sa faible durée, car j'aurais aimé passer un peu plus qu'une trentaine de minutes avec Miss Braxton!

"FOH": https://www.youtube.com/v/sNBvrQotF1Q
"Coping": https://www.youtube.com/v/5V71j_fCchw
Extraits: https://www.amazon.fr/Sex-Cigarettes-Explicit-Toni-Braxton/dp/B07B8G1HPY/ref=sr_1_1_twi_mus_2?s=music&ie=UTF8&qid=1544719154&sr=1-1&keywords=toni+braxton
21-12-2018 à 15:39:25
Joyann Parker a d'abord le physique de sa voix: volontaire, puissante et claire. Pas exactement du genre à pleurnicher, mais plutôt éventuellement à tempêter, en passant sur la frontière de la soul et du rythm'n'blues.

Une femme avec du caractère, dont les performances rappellent beaucoup de ses consœurs noires: elle libère la lionne qui sommeille en elle quasiment sur chaque titre de "Hard To Love", mais sait aussi faire dans la délicatesse ("Jigsaw heart", "Evil hearted", "Hard to love").
Elle balance ("Your mama"), sans égards pour une féminité que d'aucuns imagineraient timide ("What happened to me"), sans oublier de souffler dans les bronches des types pas cools ("Envy").

Elle se réclame des influences historiques de la musique noire ("Memphis", "Home", "Dizzy", "Who what when where why"), sans faire du copier-coller pour autant puisque les morceaux ont été composés par elle.
Un premier album réussi qui lance la volcanique brune sur l'orbite des artistes qui peuvent faire une belle carrière.

En live, "Envy": https://www.youtube.com/v/lzk_PkaqI5k
"Home", toujours en live: https://www.youtube.com/v/1VE8Q-kiBqI
Ecoute sur Minneapolis: https://joyannparker.bandcamp.com/releases
18-01-2019 à 17:32:40
Slothrust c'est surtout Leah Wellbaum: voix puissante, chaude et expressive, pas vraiment dans la veine midinette (au hasard "Peach"). Mais pas dans la violence non plus, avec même une délicatesse bien servie par les vocalises évoquées plus haut ("Walk away", "The haunting").
Les compositions du trio sont assez caractéristiques de la côte Nord-Est des States: nettement plus dans l'intellectuel et le cérébral que le viscéral, comme le suggère presque "On my mind". En clair les mélodies font plutôt dans l'ambiance que la ritournelle, comme sur "Some kind of cowgirl".

On se promène aux limites du folk ("Birthday cake", "Travel bug") et du rock ("Double down", "Fever doggs"). Bref de l'indie-pop intelligente ("For Robin" par exemple), c'est "The Pact".
Un groupe qui doit gagner à être apprécié en concert (une seule date en France fin janvier)... et à être apprécié tout court.

"Birthday cake": https://www.youtube.com/v/P9x3jk_W65c
"Double down": https://www.youtube.com/v/31gBizKYAnc
Ecoute à la maison: https://slothrust.bandcamp.com/album/the-pact
08-03-2019 à 15:58:07
Une voix nue et sans fard, un physique lui aussi nu, fièrement revendiqué sur la pochette, Amanda Palmer revient.
... Bon, ce n'est pas la première fois, mais depuis l'époque des Dresden Dolls elle s'était aventurée dans des expériences pas très convaincantes, comme pour trouver absolument un son nettement différent de celui de sa petite formation d'origine.

Elle revient donc à ce qu'elle faisait déjà très bien: une voix typée un poil rugueuse et au phrasé cadencé, un piano en guise d'accompagnement principal, et en général des morceaux portés sur les déchirements internes ("Drowning in the sound" par exemple).
Chaque titre étant séparé par une sorte d'interlude souvent symphonique, il y a une dizaine de titres, dont plusieurs dépassent les huit minutes, comme pour mieux laisser le temps de s'immerger dans ce paysage musical.
On appréciera la qualité expressive, sans effets spectaculaires marqués, à l'inverse de ce qu'elle faisait justement à l'époque des Dresden Dolls, comme sur "Judy Blume", à l'exception de "Machete".

Amanda Palmer semble donc avoir pleinement retrouvé le feu sacré qui l'animait, pour tirer du cœur et des tripes ces compositions à la fois sensibles et puissantes. Entre le repos, l'apaisement, la douleur sourde et la réflexion, car elle n'a pas mis sa conscience sociale et politique de côté (en plus du féminisme).

"There Will Be No Intermission" semble du coup porté le double-sens de cet album: des poses musicales qui font partie d'un tout, et pas d'interruption avec le meilleur de que cette artiste avait su produire. Vraiment pas mal du tout.

"Judy Blume": https://www.youtube.com/v/_k02Waw4WXk
"Voicemail for Jill": https://www.youtube.com/v/Npq_ieGCzes
Extraits: https://www.amazon.com/There-Will-Be-Intermission-Explicit/dp/B07L45J9MT/ref=tmm_msc_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1552050157&sr=1-3
26-04-2019 à 15:14:11
Une voix, une légèreté, un balancement sensuel; Tiana Khasi.

Elle aurait pu être US mais elle c'est AUS, du côté de Brisbane. Elle aurait pu être d'origine afro, mais elle c'est un mélange indien et samoan dont elle est issue. Elle aurait pu venir venir du funk ou du rap mais c'est dans le jazz qu'elle s'est forgée ses sources musicales (audibles dès le premier morceau de son album "Meghalaya", ou plus loin sur "Whole lotta shine").

Elle aurait pu jouer les bimbos mais son nom vient directement d'une société matriarcale... ce qui n'enlève rien à sa grâce vocale (et physique). Elle aurait pu avoir une certaine expérience en matière de compositions (on peut apprécier "They call me" parmi d'autres), mais c'est son premier album. Elle aurait pu passer d'emblée en force, mais c'est avec une délicatesse et une fine élégance qu'elle règle ses comptes avec son ex ("Georgia's track").
Elle aurait pu être cousine de Navasha Daya de Fertile Ground pour cette vapeur post 70s', proche de la méditation à l'occasion ("Bitterness").
Elle aurait pu finir l'album sur un morceau anodin comme un signe de la main, mais elle le fait sur un soul sensible "Good things" qui apparaît comme une promesse d'avenir.

Tiana Khasi, à suivre donc.

"Georgia's track" en live: https://www.youtube.com/v/F6u7GwnmFBk
Ecoute: https://tianakhasi.bandcamp.com/album/meghalaya-ep
01-11-2019 à 08:08:53
Ouais bon, vraiment trop jolie pour être honnête la demoiselle!! Vraiment trop douée pour trousser des mélodies pour être cataloguée de pure souche, et trop portée sur le r'n'b pour plaire aux pointilleux gardiens du temple soul.

Seulement voilà, Alex Hepburn est britannique (écossaise en l'occurrence), d'où sa capacité presque atavique à dessiner de vrais airs. Sa voix plaira ou pas mais on ne saura pas lui reprocher une véritable personnalité, entre les remontées acidulées et le bourdonnement rauque de certaines intonations. Quant à son physique, on va pas sermonner ses gènes hein?! Et surtout ça ne l'empêche pas de faire à l'occasion un doigt d'honneur aux trop fiers mââââles, au nom de toutes les femmes...

Un deuxième album, "Things I've Seen", plus typé que son 1er opus, qui remonte le fil soul depuis la pop r'n'b ("Things I've seen", "Chasing paradise"), voire presque du ska ("If you stay"). On appréciera l'équilibre de cette voix perchée ("High roller" entre autre), la rythmique dont elle est capable ("Take home to mama"). La soul crie et déchire sur "Cease fire", s'enroule autour des sentiments douloureux (superbe "Could have been happy", suivi de "Solid gold", "I believe", "Any moment now"), car c'est manifestement la destination d'Alex Hepburn: l'esprit avant l'apparence.

Un disque qui pourrait chasser le succès et la grande diffusion, mais qui nous raconte une histoire bien plus intime et plus séduisante si on l'écoute bien.

... En plus elle est vraiment très jolie Alex.

"I believe": youtube= -gT63d5omlQ
Extraits: https://www.amazon.com/Things-Seen-Explicit-Alex-Hepburn/dp/B07QJ5GSG6/ref=sr_1_2?keywords=alex+hepburn&qid=1572452311&sr=8-2
20-12-2019 à 13:54:04
On est où? On est où??! Parce qu'avec Greentea Peng franchement, c'est parfois difficile à dire; la Londonienne navigue toutes voiles dehors sur toutes les mers en même temps.
Vous croyiez l'avoir cadrée, et hop voilà qu'elle sort des limites pour planer d'un coup d'aile à l'autre bout de la terre. C'est exactement l'impression que donne ce court album coloré qu'est "Rising". Un premier opus après un EP dans lequel elle posait les bases de sa musique actuelle.
Parfumée et légère comme du thé vert justement, Greentea a pris le plus virevoltant de la soul, de l'électro, du r'n'b et du jazz pour décoller, avec cette jolie voix, mélange elle aussi de résonances graves, aiguës et râpeuses. Le tout s'organise autour de mélodies improbables, tranquillement rythmées par des percussions légères, des petites touches de claviers, des chants d'oiseaux exotiques: une forme de poésie urbaine aux inclusions manifestement écologistes.

Les six titres passent comme des rêves colorés, presque du zen musical, tous venant de la même source mais pas avec les mêmes couleurs, heureusement. Les clips disponibles ici et là permettent de constater que Greentea est physiquement raccord avec sa musique, de sa peau à ses mouvements, en passant par ses tenues.
Difficile de savoir comment elle évoluera, mais prometteuse la jeunette.

"Mister Sun": youtube= y_DDqg1A8lw
Extraits: https://www.amazon.fr/RISING-Greentea-Peng/dp/B07ZBPD6V1/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=greentea+peng&qid=1576248703&s=music&sr=1-1
07-02-2020 à 17:03:29
L'Ecossaise Isobel Campbell revient, sur la pointe de la voix, comme si elle craignait toujours de réveiller quelqu'un.
Un album des plus apaisants, susurré comme jamais, vaporeux comme rarement ("Vultures" parmi d'autres). A l'opposé des artistes qui veulent imposer leurs performances vocales, donc l'inverse du blizzard qui souffle sur les Highlands, ou l'antithèse de la dure caillasse qui recouvre une bonne partie de sa terre natale.
Cela commence d'ailleurs comme en plein été dans une plaine du sud ("City of angels").
Isobel sait aussi souffler un air presque mystique ("The heart of it all"), va chercher encore plus de zénitude du côté de l'orient ("The national bird of India"), mais réussit toujours à nous envelopper dans son expression façon sirène antique, vers le repos et davantage ("Boulevard", "Counting fireflies", etc).
Les rares morceaux rythmés sont gentiment énervés, comme un trot léger au petit matin ("Runnin' down a dream", "Ant life", "Hey world").
"There Is No Other..." ?? Non, effectivement, pas d'autre comme elle, c'est justement ce qui fait son charme.

"Ant life": youtube= Sv3vXIUumvc
"Hey world": youtube= bBgKg7wStRc
Extraits: https://www.amazon.fr/There-Other-Explicit-Isobel-Campbell/dp/B07VNJCMZ5/ref=tmm_msc_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1581086234&sr=1-1
14-06-2020 à 10:27:15
‌Drôle de période décidément: le nombre de sorties s'est effondré durant la période de confinement, sans s'être vraiment rétabli depuis. Comme si le talent s'était confiné lui aussi, sans les effets dynamiques du partage. Le nombre d'albums intéressant a mathématiquement fondu.
Et encore, comme ce qui est "intéressant" relève de la plus pure subjectivité, d'aucuns pourront voir la situation pire ou meilleure que cela...

Parmi les sorties récentes, juste avant le black-out, une voix qui annonçait l'oxygène de l'été au grand air, avec des ressemblances avec les vocaux "Funk Wav Bounces" de Calvin Harris d'il y a 3 ans, et pour cause: l'Ecossais avait recruté quelques chanteuses aux caractères et aux cordes vocales typées, dont justement Jessie Reyez.

La canadienne, qui paraît beaucoup plus tenir de ses origines colombiennes pour le caractère démonstratif, sort donc son premier vrai album, "Before Love Came To Kill Us". Un disque qui marie de manière très latine l'amour et la mort, l'amour à mort, la mort de l'amour, bref le plus vieil affrontement du monde, dans lequel les gifles vocales répondent volontiers aux claquements de cœur, dans le plus pur esprit de la Carmen de Mérimée/Bizet.

La très brune Jessie utilise sa voix, de la douceur la plus ensorcelante à la gouaille la plus impertinente, comme sur "Coffin". On entend qu'elle a beaucoup appris en travaillant avec Calvin Harris: cette façon de piquer de façon très aérienne et de marquer les rythmes ("Do you love her", "Ankles", "Roof"), ou cette capacité à chanter de manière fluide sur des plages plus ensoleillées ("Intruders").
Alors bien sûr on pourra ne pas trop goûter cette forte influence R'n'B ("Imported" entre autres), mais il faudra tout de même lui reconnaître une excellente maîtrise vocale, avec des évidentes inclusions soul.
Comme la senorita Reyez ne renie en rien ses racines latino-américaines, elle sait aussi très bien manier la langue et l'esprit volcanique de cette partie de l'Amérique: "Memoria". Un petit bout de femme un poil teigneux, qui me rappelle Jennifer Jones dans "Duel au soleil" de King Vidor (c'est un compliment).
Du coup les titres qui surprennent le plus sont ceux où s'exprime une finesse et un soyeux intimiste: "Same side", "Kill us", "Love in the dark", "I do" ou le décidément très beau "Figures" final. Autant de morceaux qui donnent l'impression de voir naître une étoile prometteuse si elle dirige sa carrière dans les bonnes directions.

Bref un album qui nous fait respirer à pleines oreilles les promesses de l'été.

Ecoute intégrale (un conseil, ne pas s'arrêter au deuxième morceau, "Deaf", en-dessous des autres à mon avis) ici: https://jessiereyez.bandcamp.com/releases

On peut écouter les remarquables prestations "official live performance" sur Youtube où elle est carrément époustouflante dans sa façon de chanter et de faire vivre ses œuvres, avec un accompagnement dépouillé avec bonheur, comme ici sur "Do you love her": I9JoyDKyU2A
Le genre de performances qui vaudraient un album pour elles seules et qui laisse entrevoir toutes les possibilités de cette artiste décidément attachante.
11-09-2020 à 23:06:04
Quelque-part entre la piste de danse, l'électro, le féminisme et la pop; le monde musical de Yelle.

Une voix claire très reconnaissable sur des battements synthétiques assumés. Mais au-delà de cet emballage coloré et en apparence naïf, des paroles parfois culottées à l'adresse de son mec et des mecs ("J'veux un chien", "Menu du jour", voire "Un million"), mélangeant légèreté et analyses nuancées, voire douloureuses (chouette "Je t'aime encore"), avec des véritables déclarations d'amour à ses fans planétaires ("Mon beau chagrin" et "Interpassion").
Bon, on goûtera peut-être moins un morceau répétitif comme "Karaté", trop fait pour simplement bouger en rythmes rigides, mais on appréciera en revanche l'utilisation de sonorités orientales ("Menu du jour") pour faire mieux onduler les hanches.
On reconnaîtra à Yelle une capacité assez rare de faire groover la langue française, tout en travaillant une diction parfaite, ciselée sur de vraies phrases; une sorte d'écriture à l'ancienne quoi ("Vue d'en face", "Noir"), malgré un détachement très net de la chanson dite sérieuse, encore que le titre "Peine de mort" n'évoque a priori pas exactement la frivolité.

"L'Ere Du Verseau" apparaît donc atypique dans la production musicale, car difficile à rattacher de façon très nette à un style particulier, ce qui constitue à la fois la faiblesse et la force des albums de Yelle.

Une bouffée d'air oxygéné en tout cas, pas superflu ces temps-ci.
Ecoute chez elle: https://yelle.bandcamp.com/
  • Liens sponsorisés